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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/289

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Il fallait me laisser à la maison meublée, au bar, à la rue. Je trouvais ma vie ennuyeuse et misérable certes, mais quand j’en imaginais une autre plus belle, je ne savais pas qu’elle était aussi près et que je pouvais la saisir.

Maintenant c’est trop triste. Je vois ce que j’aurais pu être et ce que je ne serai pas. Et je vois aussi ce que je vais devenir, et c’est cette clairvoyance qui me fait souffrir.

Il ne fallait pas me parler des bonnes et mauvaises actions, des cultes auxquels ont cru les hommes et des pays de l’Indo-Chine, où les jonques s’en vont sous les thuyas, où près des vérandas bruissent les forêts, de tout ce qui fait rêver et fait penser,

J’ai bu un poison. Il était peut-être comme tous les