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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/84

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LA TENDRE CAMARADE

Ils avaient maintenant à leur droite des amoncellements de tonneaux parmi lesquels couraient en criant des bambins en haillons. Les bruits du port venaient jusqu’à eux, prolongés par l’air du soir, et ils furent bercés un instant par une mélopée italienne que chantaient des marins assis sur leur bateau.

Le souffle du premier baiser les enveloppa à un tournant de la route, mais il fut dissipé par le fracas d’un tramway électrique qui frôla la voiture et la dépassa. Était-il parti pour ne pas revenir ? Cela était possible, car c’est un souffle d’une essence si capricieuse !

La lumière du soir devenait plus obscure et il advint que la voiture passa le long d’un jardin, d’où par-dessus le mur émergeait un arbre. Il y eut durant une seconde un peu de fraîcheur et un peu plus d’obscurité. Et voilà que du feuillage de cet arbre où il s’était mystérieusement tapi, le premier baiser se laissa brusquement tomber et pénétra Aline et Jean Noël de cette douceur qu’ils ne devaient plus jamais retrouver.