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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/89

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Je suis née dans le village de Valentine, là-bas, au pied des Pyrénées, d’une pauvre servante d’auberge et d’un père que je n’ai jamais connu. J’ai toujours pensé que ce devait être un chemineau, car lorsque ma mère avait bu elle se donnait volontiers aux hommes de la route.

Oui, ma mère buvait et l’on ne peut savoir quelle misère infinie cela représente pour une enfant. Je n’ai connu, dans les premières années de ma vie, que des choses basses et tristes, des corvées pénibles, des coups reçus, des rebuffades, et j’avais le sentiment d’être, dans l’échelle des êtres, inférieure à un animal.

Je n’en avais pas d’humiliation. L’humiliation ne vient que plus tard, quand on s’est attribué une