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Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/200

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n’aurois jamais crû devoir retrouver dans des Chrétiens une superstition si grossière & si ridicule. Je voulus en marquer mon mécontentement à deux ou trois Chrétiens Indiens amis du moribond, qui l’avoient assisté dans sa maladie. Mais ils me fermerent la bouche, en me disant que jamais leurs Missionnaires n’y avoient trouvé à redire ; qu’on ne se servoit point d’autre eau-bénite dans leurs Eglises ; qu’après tout puisqu’on avoit bien conservé le Lingan[1], ils ne voyoient pas qu’il y eût aucune raison de proscrire la bouze de vache. Je ne vous rapporte ce fait qui peut-être vous paraîtra incroyable, qu’après qu’un Mis-

    corps de cet animal ; & ils ne pensent pas pouvoir lui souhaiter une demeure plus agréable. On sçait l’usage qu’ils font de ses excremens dans leurs ablutions & leurs purifications. Eussent-ils commis les plus grands crimes, ils se croyent sanctifiés dès qu’ils s’en sont frottés depuis les pieds jusqu’à la tête.

  1. Figure obscène d’une Idole que ces Peuples adorent, & qu’ils portent pendue au col.