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Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/248

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Vous vous troublez, continua Telliamed, & vous trouvez mauvais sans doute que j’ose attaquer si puissamment une tradition que vous croyez canonisée par vos écritures. Cependant si vous y faites un peu d’attention, vous conviendrez que mon sentiment sur cet événement si fameux n’est nullement opposé à ce que vous apprennent ces Livres que vous regardez comme sacrés : Que ces mots toute la terre, dont ils se servent pour désigner l’espace qui fut couvert par le Déluge, peuvent également s’entendre, ou de tout le globe, ou seulement d’une de ses parties, par exemple, de cette contrée de l’Asie habitée par Noé & par sa famille : Qu’en effet ils ont été entendus en ce sens par plusieurs de vos Sçavans, qui ne se sont pas crus obligés de reconnoître cette universalité qu’on veut soutenir malgré toutes les raisons qui la combattent : Que vos Livres mêmes favorisent cette dernière opinion, puisque par tout ce qu’ils contiennent il est évident que Moyse n’a eu pour but que d’écrire l’histoire du peuple Juif, & nullement