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Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome II.djvu/82

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conclure qu’elle a existé dans tous les tems, & n’est pas moins éternelle ab ante, pour user d’un de vos termes, qu’à post, l’un étant une conséquence naturelle de l’autre.

En effet, pour me servir de la pensée d’un de vos Auteurs[1], ceux qui connoissent la nature & qui ont de Dieu une idée raisonnable, peuvent-ils comprendre que la matière & les choses créées n’ayent que 6000 ans ; que Dieu ait différé ses ouvrages pendant toute l’éternité précédente ; & qu’il n’ait usé que d’hier de sa puissance créatrice ? Seroit-ce parce qu’il ne l’auroit pas pû, ou parce qu’il ne l’auroit pas voulu ? Mais s’il ne l’a pas pû dans un tems, il ne l’a pas pû dans l’autre. C’est donc parce qu’il ne l’a pas voulu. Mais comme il n’y a point de succession dans Dieu, si l’on admet qu’il a voulu une chose une fois, il l’a voulue toujours, c’est-à-dire, de toute son éternité.

Vous m’allez objecter, continua

  1. Lettres Persanes, let. 109.