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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/113

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canne, — car la délurée tchokri a du lâcher le casque qu’un pion a ramassé et serre avec précaution sur son cœur, — elle bondit de siège en siège, et enfin, triomphante, elle se réfugie entre mes genoux, bravant les parents désolés, les brahmes, la société, le gouvernement, l’église, l’état, en un mot tous les pouvoirs établis. Le cérémonieux et affable Naranyassamy est consterné. Sa consternation confine maintenant au désespoir : c’est l’abomination de la désolation : sa nièce allonge ses mains minuscules, où il y a certes plus de bagues et de fermaux que de chair pour me tirer les moustaches.

— « Excusez-nous, monsieur, s’écria le conseiller privé, excusez-la ! C’est une enfant, et qui ne sait pas ce qu’elle fait !… Holà ! Quelqu’un ! Qu’on l’emporte ! — Non point, cher Naranyassamy, laissez-la, s’il vous plaît. Voyez-la : ne dirait-on pas une abeille dorée se jouant dans un rayon de soleil ? On croirait voir la déesse Latchmy en personne, descendue du Kaliassa ou de quelque autre paradis pour bénir votre fête ! Cette enfant, dans ses pagnes de soie lilas à fleurs blanches, son écharpe rose, ses caleçons pourprés à rosaces orange,