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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/129

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chetty — car c’est tout bonnement un marchand du bazar — me tend d’un geste large, savamment calculé, un petit bronze. Le dieu à tête d’éléphant me sourit ; à ses pieds est le géant Guedjamougasourin, sous la forme d’un rat. Comment ne pas se laisser tenter ! Certainement le Poulléar n’est point ancien. Sans nul doute, sa paline provient d’une assez maladroite application de graisse chaude. Mais comment renvoyer cet Hindou grave et larmoyant qui, à l’entendre, est dans une misère tellement profonde, que sa femme, ses enfants, son père, sa mère, sans compter sa belle-sœur, et lui par surcroît, vont mourir d’inanition si je n’achète pas le Poulléar. Avec une demi-roupie, je sauve toute une famille. Et le chetty se retire, enchanté d’avoir trompé l’étranger. J’oubliais de vous dire que chacun de ces marchandages dure une grande heure. Aussi, pour économiser mon temps, me suis-je arrêté, depuis bien des années, au parti suivant : Je pose sur un coin de table la somme que je crois juste, et je continue de travailler, sans plus m’occuper du marchand. S’il prend l’argent et laisse l’objet, le marché est conclu.

Mais il n’en va pas toujours ainsi. Du nord