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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/146

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sions favorables dans les affaires de succession. En 17/16 il reçoit ainsi cent mille huit cents francs, pour n’en citer qu’un exemple. Si sa présence à un mariage indigène lui était payée deux mille cinq cents francs, — ce temps heureux n’est plus, hélas ! — Ananda-Rangapillei, plus modeste, se contentait du dixième.

C’est en lisant les mémoires inédits d’Ananda — et j’en fais traduire sans cesse des passages — que l’on apprend à connaître Dupleix. Si le politique demeure intéressant à étudier, l’homme privé apparaît sous des espèces misérables. Son orgueil exaspéré, monstrueux, puéril, est celui des comédiens les plus réputés. Les flatteries les plus grossières, les plus basses, sont celles-là mêmes qui le touchent au plus profond. Qu’on le compare à Louis XIV, il sourit avec condescendance, sans sourciller. Vous connaissez son avidité. N’oubliez pas, cependant, qu’il fut homme de son temps, de ce temps, où les manieurs d’argent ne distinguaient point entre leur épargne personnelle et les deniers de l’Administration. Sans doute Dupleix fit dans l’Inde une fortune énorme. Mais il quitta cette Inde aussi pauvre qu’il y était entré. En la seule année 1754, il avait consacré treize millions et