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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/206

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du sud ne possède pas de si habiles ouvriers ; on n’y fabrique aucune broderie, aucun tissu de luxe. Les tisserands se contentent de produire ces immenses pièces de cotonnade que l’on voit, tendues horizontalement sur leurs métiers rustiques, s’allonger à l’infini dans les landes stériles où se dressent de misérables paillottes en pisé. Le paysage ici n’a rien de commun avec les splendeurs de la nature tropicale. Entre la mer, dont la ligne bleue ferme l’horizon et se confond avec le ciel et la campagne roussâtre, s’étendent les sables blancs de la plage où les cocotiers sont pressés comme les colonnes grêles d’un temple ruiné. L’estuaire de la rivière, obstrué par des bancs, se garnit sur ses bords d’arbustes épineux qui, pour la plupart, sont des légumineuses à bois dur. Partout la végétation est pauvre, clairsemée ; la terre rougeâtre, crevassée, s’effrite sous le soleil torride. On sent que tout cela appelle la pluie, l’attend depuis des mois, depuis des années même. Dès qu’une plante a levé sa tige hors du sol, elle se courbe, se flétrit et meurt. Ce n’est qu’à force d’arrosages que l’on sauve les jardins à bétel. Le long de la route, ils font de grandes taches vert sombre, carrées. Sur les larges feuilles,