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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/247

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demi, fait décrire à sa trompe les courbes les plus gracieuses, l’allonge pour saisir les petites pièces d’argent. Il les reconnaît à merveille, néglige la monnaie de billon et proportionne ses génuflexions à l’importance de l’aumône. Si elle lui paraît honnête, il brandit sa proboscide et barrit avec une clameur plus stridente que l’appel d’un cuivre. Les mendiants qui m’assaillent sont une concurrence sérieuse pour l’éléphant. Comment se débarrasser de cette tourbe, plus importune que les essaims de mouches qui s’empressent sur les gâteaux offerts par les fidèles ? Ils m’entourent, me harcèlent, me tirent par la manche, ouvrent un concours de plaies hideuses, m’exhibent leurs ulcères en écartant leurs sordides haillons. Une poignée de caches lancée à propos me rend libre pour un instant ; j’en profite pour franchir le portique, tandis que les misérables se précipitent, se chamaillent, s’écrasent dans la poussière pour récolter les liards.

Ainsi je puis pénétrer dans la première enceinte. À droite et à gauche du gopura s’élèvent des modestes pagotins de pierre dédiés à diverses divinités. L’inévitable Pouléar est là, avec sa panse obèse, sa tête d’éléphant et son