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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/28

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vêtus de noir, coiffés de rouge, couturés d'or. Tout passa, jusqu'aux femmes enveloppées dans dans des mousselines blanches et dont les yeux seuls luisaient, entre les voiles opaques, aux fenêtres carrées du château d'arrière. Et quand cette apparition brillante eut passé, à son tour, on ne vit plus que la poupe basse et massive, d'où pendait une corde. Au bout, venait un long ballot ficelé qui, tour à tour, saluait et plongeait dans le remous du sillage. Ainsi ce sac de toile grossière, tiré à la traîne par la Medinah du Shérif, terminait-il la procession, pour montrer, sans doute, la fin nécessaire de toutes choses. C'était le corps d'un pèlerin, lié par les pieds, dans sa rude enveloppe de chanvre, que l'on transportait ainsi hors du Canal où l'on ne doit point laisser ses morts. Sans doute, ce musulman qui remplit son vœu de Hadji en visitant la Mecque, s'était-il laissé mourir ce matin même, au sortir de Suez. Maintenant il dort au fond de la Méditerranée son éternel sommeil, pour le grand préjudice du vautour fauve, victime en la circonstance des édits sanitaires qui protègent la grande voie de transit jadis percée par ses adorateurs, puis obstruée par les conquérants orientaux, enfin rouverte par M. de