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Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/281

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manda par son impitoyable rigueur. Et sans doute ne contribua-t-elle pas peu à établir, cette fois prise pour toutes, la paisible domination où l’Hindou avait peu à perdre et tout à gagner. Tous les chefs du tumulte de Vellore furent, suivant l’usage, attachés à la gueule des canons, et leurs corps volèrent par quartiers devant le front des troupes : supplice théâtral, peu cruel si l’on s’arrête à la nature subite du trépas, et qui est peut-être celui où le condamné sent le moins venir la mort, puisqu’un seul coup disperse sa dépouille charnelle aux quatre vents du ciel. Le 1er et le 23e régiments natifs furent rayés des contrôles de l’armée ; et il ne fut plus question de la révolte.

Cet incident, peu important en soi, si l’on considère l’époque, tant aussi il se répète dans l’histoire de toute conquête, porte cependant sa leçon morale. Il prouve, ce que je vous répète depuis des années, que les peuples des colonies sont toujours composés de sujets et jamais de citoyens. Indifférents à la main qui les gouverne, ils sont toujours prêts à reconnaître le maître de l’heure, que celui-ci vienne d’Orient ou d’Occident. Les agitateurs politiques, ambitieux ou intrigants de hasard, n’ont pas à