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Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/44

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Dans cette audience, trente ou quarante Secrétaires sont assis le long du mur à sa gauche, qui écrivent continuellement ; il arrive presque à tout instant des courriers, que des Huissiers conduisent avec grand bruit jusqu’aux pieds du Prince, où ils déposent leurs paquets : un Secrétaire se mettant à genoux, & assis sur ses talons devant lui,

    as-tu attendu jusqu’aujourd’hui pour te plaindre ? Seigneur, j’ai remis plusieurs requêtes à Ayder-Scha, & je n’en ai point eu de réponse. Cet Ayder-Scha, qui était le chef des Huissiers, précédoit le Nabab, portant son grand collier d’or, marque de sa dignité ; il s’avance & dit : cette femme mène une mauvaise vie ainsi que sa fille : le Nabab ordonne sur le champ de retourner au Palais & dit à la femme de le suivre. Toute la Cour craignoit pour l’Officier qui étoit aimé, & personne n’osant intercéder pour lui, le fils d’Ayder pria le Commandant des Européens de demander grâce, ce qu’il fit. Je ne puis vous l’accorder, reprit Ayder sévèrement : interrompre la communication entre le Souverain & les Sujets, c’est un des plus grands crimes qui puissent être commis, les Puissans ne sont sur la terre que pour rendre la justice aux foibles, à qui Dieu n’a donné d’autre protecteur que le Souverain ; & le Prince perd l’amour & la confiance de ses peuples, que les injustices multipliées obligent enfin