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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/277

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démocratique avec Rochefort, Laisant, Granger, etc., réactionnaire avec les ralliés de toutes nuances, convoitant chacun le triomphe pour son parti, tandis que le brav’ général, grisé de popularité, au fond meilleur que son entourage, qui l’a renié après la défaite, espérait bien demeurer le deus ex machinâ.

À l’affût depuis des années pour renverser une république que ne protégeait plus l’enthousiasme populaire les ultramontains virent tout le parti qu’ils pouvaient tirer du boulangisme et, par l’intermédiaire du père jésuite Dulac, lui fournirent des subsides. L’entretien de l’état-major coûtait cher ; au dire de ses collègues, enfermés avec nous à Sainte-Pélagie, Laguerre avait, à lui seul, absorbé, en deux années, neuf cent mille francs.

Il me semble qu’avec le dixième de cette somme nous eussions remué le monde !

En guerre, le pire parti est de n’en prendre aucun : Boulanger, mauvais stratégiste ne sut pas ce qu’il voulait, il fut trop légalitaire ou pas assez.

Mes amis et moi, restés fidèles à Marianne, continuions la lutte oratoire et écrite contre le gouvernement en y joignant la lutte contre le césarisme naissant. Tout en regrettant de voir des lutteurs de la veille égarés entre le chauvin Déroulède et le royaliste de Mackau, nous ouvrions une campagne de meetings avec cet ordre du jour : « Ni parlementarisme ni dictature : la sociale ! »

Eudes, avec son tempérament militaire avait entraîné les blanquistes du côté du général. Ce ne fut certes pas sa faute si les manifestations de décembre 1887 contre la candidature de Ferry à la présidence de la république ne se terminèrent par une prise d’armes.

Nous avions hautement exprimé notre méfiance pour