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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/95

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ner à une guerre même pas nationale, car toutes les tribus ne suivirent point le mouvement, les indigènes avaient fait appel aux éléments pénitentiaires et traité avec les Anglais, jaloux de la domination française dans le Pacifique, ils eussent pu, tout au moins, éviter l’écrasement final.

Houaïlou, à l’époque où j’y arrivai, était, bien que dépendant administrativement de Canala, la localité la plus peuplée de l’île après Nouméa et Bourail. L’exploitation des mines de nickel y avait attiré près de quatre cents personnes, que gouvernait patriarcalement le surveillant militaire Cohuau, faisant fonctions de commissaire de police, et que rançonnait le mercanti Girard, d’autant plus victorieusement qu’il n’avait pas de concurrent.

On gagne gros à vendre aux mineurs. Ceux qui, en Nouvelle-Californie, en Nouvelle-Zélande et surtout en Australie, pendant la grande fièvre de l’or, ouvrirent des stores ou des cantines, arrivèrent presque tous à une fortune que ne pouvaient fixer les âpres piocheurs dépensant en folles orgies le métal précieux qu’ils ramassaient. En Nouvelle-Calédonie, bien que sur une moindre échelle, la même exploitation d’un côté, la même prodigalité de l’autre, étaient dans les mœurs. Si l’argent monnayé est rond, c’est pour rouler, évidemment, et ce que les mineurs s’empressaient de le faire rouler !

Tout d’abord, on pouvait les diviser en deux classes : les travailleurs journaliers à salaire fixe, les moins rétribués gagnant cinq francs, les autres dix, douze et jusqu’à quinze, — puis les indépendants, les prospecteurs, qui, la pioche sur le dos, un sac de biscuits au côté, partaient dans les montagnes, à la découverte de filons.