Page:Malato - La Grande Grève.djvu/108

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de tout régler à si longue distance du scrutin. Car alors l’ennemi aurait le temps de connaître notre plan et de le déjouer.

Mme des Gourdes eut un mouvement d’épaules.

— Oh ! notre plan, est-il personne qui puisse l’ignorer ? Vous devez logiquement être député : votre titre, votre richesse et votre influence vous y donnent droit. Quant à ce que vous ferez, une fois député, c’est « notre » affaire.

Dans ce « notre », il y avait tout un monde. La baronne, certainement non féministe en théorie, l’était dans la pratique, du moins en ce qui la concernait, se considérant comme l’égale de son mari, sans que celui-ci songeât à lui contester cette égalité. Et c’était sa part de pouvoir qu’elle revendiquait.

— Dans six mois, reprit le baron, ont lieu les élections pour le conseil général.

— Il y a longtemps, je vous l’ai dit, que vous auriez dû vous y présenter, fit l’impérieuse femme.

— Bah ! rien ne pressait. Que m’importait le mandat, alors que j’avais l’influence ?

— Il faut que vous ayez le mandat et l’influence.

Des Gourdes eut une moue quelque peu dédaigneuse.

— Un mandat régional ! murmura-t-il entre ses dents.

— Qu’importe ! ce n’est pas déchoir. Est-ce que Schickler n’est pas maire du Brisot et conseiller général ?

— Je ne dis pas. Mais réellement l’exploitation des mines de Pranzy m’occupe assez et me touche un peu plus que les intérêts du canton.

— Oh ! les intérêts du canton !… fit la baronne avec un petit rire aigu auquel des Gourdes se joignit. Raoul, nous parlons sérieusement. Il faut que vous soyez conseiller général, parce que ce mandat régional, comme vous dites, ce mandat que vous dédai-