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LA
GRANDE GRÈVE




PREMIÈRE PARTIE


I

DANS LES BOIS


Le grand jour était venu. Dans les bois calmes et profonds courut soudain un frémissement ; un coup de sifflet longuement prolongé déchira l’air et, à ce signal, comme en un brusque changement de décor, surgirent partout, de l’épaisseur des fourrés des groupes et des individus.

Les rayons mourants du soleil, tamisés par le dôme de feuillage, éclairaient le rassemblement dans une large clairière, de plusieurs centaines d’hommes.

C’étaient des mineurs, les esclaves de Chamot, roi des mines de Pranzy et de Mersey.

La veille au soir, Ronnot, délégué par ses camarades, était allé recevoir à la gare Baladier, orateur révolutionnaire à la voix ronflante, mais inféodé à la police qui lui faisait jouer, avec succès, les rôles d’agent provocateur.

Ronnot, sur la recommandation de militants lyonnais trompés eux-mêmes, avait installé chez lui Baladier.

On est confiant dans le monde révolutionnaire depuis qu’en a disparu le vieux conspirateur Blanqui. L’enthousiasme réel ou affecté, suffit trop sou-