Page:Malato - La Grande Grève.djvu/165

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En effet, le docteur Paryn avait reconnu la nécessité d’avoir à sa disposition un quotidien dans lequel il pût riposter aux calomnies qui, il n’en doutait pas, continueraient à être déversées sur lui par la Gazette de Seine-et-Loir. Le journal, à notre époque d’âpre affairisme et de domination capitaliste, n’est plus que bien rarement le champion d’une idée ; la presse, qui aurait un rôle si grand et si pur dans une société d’affranchis, est asservie sous la puissance de l’or : elle doit servir les appétits, les ambitions, les rancunes de ceux qui possèdent ce levier magique.

Pourtant, il est des feuilles où la conscience ne se vend pas à la ligne et l’Union populaire de Seine-et-Loir était de celles-là.

Fondée à Môcon quelques années auparavant avec un programme de concentration républicaine, ce journal, lieu de se modérer peu à peu comme les républicains arrivés au pouvoir, avait, au contraire, plutôt accentué ses tendances. En même temps, des collaborateurs occasionnels, correspondants de Mersey, de Pranzy, de Montjeny, du Brisot, de Chôlon, lui donnaient maintenant une note populaire : la question sociale y apparaissait, cette question sociale niée par un éloquent tribun républicain qui ne vit jamais dans la masse travailleuse et souffrante qu’un marchepied.

De ces collaborateurs, le docteur Paryn était devenu le principal. D’abord il avait envoyé des chroniques scientifiques, conçues non pas dans ce jargon hérissé à plaisir de termes ultra techniques, inintelligible pour le plus grand nombre, mais en claire langue française. Ces articles, œuvre d’excellente vulgarisation, d’enseignement simple et de conseils pratiques, extrêmement goûtés, avaient contribué à rendre populaire le nom du docteur. Puis, des questions scientifiques il s’était élevé aux questions philosophiques, sociales, politiques, s’occupant très parti-