Page:Malato - La Grande Grève.djvu/191

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cordes plusieurs lianes entre deux arbustes et y suspendit sa venaison, s’armant en même temps d’une branche feuillue pour chasser les grosses mouches. Quant aux parties non conservables, comme l’estomac et le gros intestin, il les avait enfouies dans un trou creusé avec « Joseph » et qu’il recouvrit de terre et de pierre.

— Tout de même, il serait bien plus commode d’avoir des allumettes ! pensait-il.

L’idée lui vint d’aiguiser les dents de sa boucle, ébréchées par le découpage. C’était son seul instrument et il se disait qu’il pourrait lui être encore utile. Il se mit donc à frotter les pointes d’acier contre la roche et, s’animant à cet exercice, eut la surprise de voir jaillir une étincelle.

Le choc qu’il éprouva, les hommes des temps préhistoriques durent le ressentir lorsque, pour la première fois, ils virent naître entre leurs mains l’élément qu’ils n’avaient vu jusque-là que fulgurer dans l’éther.

Du feu ! mais comment le saisir au passage, le conserver ?

Les indigènes océaniens savent, comme tous les sauvages, le produire par le frottement continu et rapide de deux branches sèches. Détras avait naguère, à Bouraké, tenté de s’en procurer par le même procédé, mais il n’avait pas réussi. Il lui manquait un tour de main que seule donne l’habitude. Toutefois, ayant vu à l’œuvre un Canaque de la police, il se rappelait que l’homme laissait tomber les étincelles sur la poussière de bois produite par le frottement et qui servait de combustible.

Autour de lui, les arbustes ne manquaient pas : l’évadé eut vite réuni un amas d’écorce sèche qu’il pulvérisa et de fibres de plantes dont il fit une sorte d’étoupe. Il plaça cet amas au-dessous de la roche et battit le briquet.

Une minute après, un jet de flamme jaillissait et