Page:Malato - La Grande Grève.djvu/297

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— Au revoir, Joséphine, dit-il.

Et il partit, se dirigeant sur les traces de Détras.

Celui-ci maintenant avait une avance de cent cinquante pas. Mais la route se maintenant droite, il n’y avait pas de danger que Martine le perdît de vue.

Pas une fois Détras ne se retourna. Peut-être parce qu’il était absorbé dans ses pensées, peut-être aussi par un sentiment instinctif de prudence.

— Si c’est lui, songea Martine, il est réellement fort.

Il avait d’abord maintenu la même distance entre lui et celui qu’il suivait. Mais au bout d’une heure, il doubla le pas, la route commençant à zigzaguer et un détour ou quelque accident de terrain pouvant lui faire perdre de vue le voyageur.

Même à un moment, il coupa à travers champs et courut pour arriver presque en même temps que Détras à une bifurcation.

La route se partageait en deux branches, l’une allant à droite vers Chôlon, l’autre à gauche vers le Brisot.

Détras, sans hésitation, prit celle de Chôlon.

— Allons ! ce n’est pas lui, fit Martine qui, dépité, revint sur ses pas.

Ce n’était point par distraction, ni sans motif, que l’évadé s’engageait sur la route qui l’éloignait de Gênac.

La figure et les paroles de l’ancien policier l’avaient trop mis en garde pour que, près de toucher au but, il ne se précautionnât pas contre toute embûche possible.

En quittant le cabaret de Véran, il avait marché droit devant lui, d’un pas rapide, sans tourner la tête, se disant qu’il pouvait être suivi soit par Martine, soit par quelque autre que celui-ci enverrait pour le pister. Il ne fallait pas qu’il eût des allures inquiètes ou hésitantes.

Pour la même raison, il s’engagea sur la route de