Page:Malato - La Grande Grève.djvu/389

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fatigués de crier, il n’y eut plus qu’un murmure confus planant sur l’assemblée.

Ouvard en profita pour reprendre la parole :

— Vous venez d’acclamer la grève, dit-il. Comme vous je crois que ce moyen devra être employé ; la grève non plus humble et suppliante, condamnée d’avance à la défaite, parce que les capitalistes peuvent attendre et que vous ne le pouvez, mais la grève virile, hardie, offensive, sera un jour l’arme irrésistible du prolétariat. Mais avant d’en venir aux moyens graves, avant d’engager des milliers de camarades dans un conflit aigu, que nous devrons, une fois commencé, soutenir jusqu’au bout, il faut réunir le consentement de tous les camarades…

— De tous, c’est impossible ! cria une voix,

— … Tout au moins de la grande majorité, reprit Ouvard. Il faut surtout dégager notre responsabilité, établir que nous sommes en état de légitime défense, afin que la masse nous soutienne. Et alors, nous irons jusqu’au bout, quoi qu’il arrive.

Des applaudissements frénétiques lui répondirent, et comme il s’asseyait, un assistant lui cria :

— Eh bien, alors, dis-nous ce qu’il faut faire.

— Si personne ne demande la parole auparavant, je le dirai, répondit Ouvard.

Ce ne fut qu’une voix dans toute la salle :

— Parle ! parle !

Alors, Ouvard exposa son idée. Comme on ne pouvait délibérer dans ce brouhaha de centaines de personnes, il fallait d’abord nommer une commission qui tracerait un exposé des griefs et des revendications des mineurs et, après l’avoir soumis à l’approbation des camarades, irait le présenter à la Compagnie, c’est-à-dire à son directeur gérant, des Gourdes. Si celui-ci et le conseil d’administration ne faisaient pas droit aux réclamations de leurs salariés alors ce serait la grève !

Ces dernières paroles tombèrent au milieu d’un