Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
LA BOURDONNAIS QUITTE MADRAS

responsables individuellement et collectivement de toutes les contraventions que les Français pourraient commettre contre les clauses qu’il renfermait.

Pendant ce temps, il avait tout mis en œuvre pour réparer et réarmer ses vaisseaux. Là, il était bien dans son élément ; rien ne pouvait surpasser l’énergie, le zèle qu’il savait inspirer à ses subordonnés. À peine cinq jours s’étaient écoulés depuis que les restes de l’escadre s’étaient rapprochés de Madras, et déjà il avait réussi à regréer l’Achille avec des mâts de rechange ; le Neptune et la Princesse-Marie étaient mis en état de reprendre la mer, et, même le Bourbon avait été réparé de manière à pouvoir gagner Pondichéry. Ayant chargé tout ce qu’il pouvait de butin sur ces vaisseaux, La Bourdonnais ordonna une grande parade pour le 23 octobre au matin, et remit publiquement le commandement de Madras à D’Esprémesnil. À ce moment, le vent s’étant élevé, les vaisseaux craignirent une nouvelle tempête et prirent immédiatement le large. La Bourdonnais attendit la fin de la cérémonie, puis, au milieu d’un affreux coup de vent, se jeta dans une chaloupe pour les rejoindre, adressant ainsi, au milieu des éléments déchaînés, un dernier adieu à ce Madras dont il avait dit : « Qu’il donnerait un bras pour n’y avoir jamais mis le pied. »

Pendant tous ces événements, Pondichéry avait joui d’un calme parfait ; la tempête du 13 ne s’était pas étendue au Sud jusqu’à la capitale ; les trois vaisseaux arrivés d’Europe et les trois expédiés de Madras avant la tempête avaient mouillé tranquillement dans les eaux de Pondichéry, tandis que leurs confrères de Madras coulaient ou étaient démâtés. Aussitôt que ces terribles pertes furent connues, le Conseil s’assembla pour délibérer sur les mesures à prendre pour faire face aux suites possibles d’une pareille calamité. Toutefois, on ne pouvait faire que peu de chose, car le concours prêté par Pondichéry à l’expédition de Madras avait épuisé ses magasins, et les vaisseaux n’étaient pas prêts à partir immédiatement. Le 22, le Conseil tint une séance à laquelle assistèrent les capitaines des vaisseaux, et on délibéra sur l’emploi de la flotte. Après avoir pris l’avis des capitaines, le Conseil arrêta que les six vaisseaux commandés par M. Dordelin, capitaine en second,