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LES ANGLAIS ATTAQUENT DÉVICOTTA

dérable de ses munitions et de ses vivres ; mais la flotte fut encore plus maltraitée ; le vaisseau portant le pavillon de l’amiral, le Namur, de soixante-quatorze canons, le Pembroke, de soixante canons, et l’Apollon, vaisseau hôpital, furent complètement perdus avec la majeure partie de leurs équipages[1]. Il fallut donc suspendre pour quelque temps la marche de l’expédition.

Quand, après avoir réparé ses pertes, le capitaine Cope reprit sa route et approcha du territoire de Tanjore, il trouva un état de choses fort difierent de ce qui lui avait été annoncé. Non-seulement rien n’indiquait que les habitants fussent disposés à agir en faveur de Sahodgi, mais, au contraire, leur armée, postée sur la rive Sud de Coleron, semblait prête à s’opposer au passage des Anglais. La vérité est qu’ils n’avaient aucune intention de livrer bataille sur ce point, mais qu’ils espéraient entraîner le capitaine Cope vers le Sud, dans une région où les difficultés naturelles du terrain amèneraient sa perte certaine. Cependant la direction que prirent les Anglais, après avoir passé la rivière, prouva clairement quel était leur vrai but en épousant la cause de Sahodgi ; ils prirent la route, non pas de Tanjore, mais bien de Dévicotta, où ils comptaient sur le concours de la flotte ; cependant cet espoir fut déçu, car, lorsqu’ils arrivèrent le soir même à un mille de Dévicotta, aucune voile n’était en vue. Après avoir inutilement canonné la ville pendant la nuit, ils reconnurent le jour l’impossibilité d’en franchir les murailles, et, comme ils étaient dépourvus de toute espèce d’approvisionnements, ils prirent le sage parti de retourner au fort Saint-David, ce qu’ils réussirent à faire sans grande opposition. S’ils avaient eu sérieusement l’intention de rétablir Sahodgi, ils en avaient assez vu pour ne pas douter que ce projet exigerait l’emploi de toutes les forces de la Présidence, et qu’il leur faudrait affronter la guerre avec une puissance indigène. Ils affectèrent donc de n’avoir plus aucune vue de ce côté. Mais Dévicotta[2] leur avait été promis, et cette place présentait de trop grands avantages pour qu’on

  1. Journal, d’un officier présent au siège de Pondichéry.
  2. Le Coleron qui se jette dans la mer auprès de Dévicotta était regardé comme pouvant devenir navigable pour des bâtiments du plus gros tonnage. Le seul obstacle venait des sables, mais on pensait qu’avec un peu de dépense et de travail on surmonterait cet obstacle.