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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

fait tant de sacrifices en faveur de ses alliés, Dupleix était bien en droit de compter que, fidèles à leurs engagements, ils se rendraient à la destination convenue ; une fois là, il s’en rapportait à Duquesne pour ce qui restait à faire. Aussi quelle ne fut pas sa douleur en apprenant qu’après avoir passé le Coleron, ils avaient quitté le chemin de Trichinopoly pour prendre celui de Tanjore.

Le fait est que, pendant leur séjour à Pondiehéry, les deux princes avaient gaspillé pour leurs plaisirs les fonds que Dupleix destinait à l’entretien de l’armée, et qu’après avoir passé le Coleron, ils s’étaient trouvés en pays ennemi avec un trésor vide. Dans cet embarras Chunda-Sahib se souvint du rajah de Tanjore dont les richesses étaient proverbiales, et Mozuffer-Jung se regarda comme ayant, en sa qualité de soubab du Décan, le droit de percevoir le trbut arriéré, dû par le rajah à l’empereur du Mogol. Dans l’espoir de contraindre ce monarque à payer une somme suffisante pour les délivrer de leurs inquiétudes et avec la pensée que, grâce à leurs troupes françaises, ce but serait facilement et rapidement atteint, ils se dirigèrent sur Tanjore, sans avoir même consulté Dupleix.

Cette ville, située au delta du Coleron et du Cauvéri, était défendue par deux fortsd’inégale importance. Le plus grand était entouré d’une haute muraille et d’un fossé, mais ces ouvrages n’étaient pas de nature à présenter une vigoureuse résistance. L’autre fort, composé d’une triple enceinte de un mille environ de circonférence avec fossés creusés dans le me et glacis, présentait un obstacle beaucoup plus sérieux. Il renfermait une pagode surpassant en magnificence toutes les constructions de ce genre dans l’Inde, et que l’on disait contenir d’immenses richesses. L’armée alliée arriva devant la ville le 7 novembre, et la somma de se rendre. Le rajah se montra disposé à entamer des négociations et profita du temps qu’il gagna ainsi pour envoyer des messages pressants aux Anglais et à Nazir-Jung. Les Anglais qui avaient déjàfourni cent vingt hommes à Mahomed-Ali dans Trichinopoly, donnèrent l’ordre d’en transférer sur ce nombre vingt à Tanjore. Nous verrons plus tard quelle fut la réponse de Nazir-Jung. En recevant la réponse des Tanjoriens, Duquesne, agissant suivant des instructions reçues de