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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

menace de prendre la ville d’assaut et de passer la garnison au fil de l’épée, si ses propositions n’étaient pas acceptées. La réponse de Clive fut un refus accompagné de mépris quant à l’argent, et de raillerie à l’égard des menaces.

Rajah-Sahib hésita encore pendant quelques jours. Il aurait pu, si les choses étaient restées dans le même état, forcer l’évacuation du fort par un blocus sévère, car il savait que les approvisionnements étaient fort réduits ; mais pendant tout ce temps le gouverneur de Madras avait déployé une grande énergie pour délivrer son jeune officier de sa position difficile. D’abord il avait envoyé au lieutenant Innis un renfort commandé par un officier plus expérimenté, le capitaine Killpatrick, qui avait mis le détachement en état de quitter Pounamali pour marcher sur Arcate. Ensuite, ce qui fit une plus vive impression sur Rajali-Sahib, il avait persuadé aux Mahrattes de prendre les armes dans l’intérêt de Mahomed-Ali. Un corps de six mille Mahrattes, commandés par Morari-Rao, était posté depuis quelque temps dans le passage de Damalcherry, attendant les événements ; mais quoiqu’ils fussent de nom les alliés de ce prince, ils voyaient sa fortune descendue si bas qu’ils hésitaient à se déclarer en sa faveur. La défense hardie d’Arcate n’était pas restée sans produire son efî’et sur ces robustes guerriers. Dans cette poignée d’hommes qui avaient défendu ses fortifications ruinées contre des forces si supérieures, ils reconnaissaient des soldats dignes de leur alliance, et sans plus d’hésitation ils se décidèrent à partager la fortune des Anglais.

Rajah-Sahib en fut bientôt informé. Il ne lui restait que le choix entre deux partis : soit un assaut immédiat, soit une rencontre avec Morari-Rao que soutiendrait une sortie de la garnison. Son jugement droit le fit pencher pour l’assaut, et dans la soirée du 24 novembre il fit ses préparatifs. Mais il eut le malheur qu’un déserteur découvrit ses plans à Clive ; de sorte que quand, à la pointe du jour, ses troupes s’avancèrent, tous les préparatifs possibles avaient été faits pour les recevoir ; les canons étaient pointés sur la brèche, les mousquets de rechange étaient prêts, tout chargés, et la petite garnison avait été, grâce à l’habileté de son commandant, utilisée de manière à compenser son petit nombre par sa