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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

plus tentante, et paraissait devoir être la plus féconde en résultats importants. Mais, pour qu’il y eût la moindre probabilité de succès, il fallait que Law agît avec toutes ses troupes et avec la rapidité de l’éclair ; or, ce malheureux commandant, quoique un peu réconforté par l’assurance que d’Auteuil s’avançait, n’avait pas retrouvé assez d’activité pour être à la hauteur de la situation. Au lieu de marcher lui-même à la tête de ses troupes, il détacha quatre-vingts Européens, dont quarante déserteurs anglais et sept cents Cipayes, pour cette action dont le succès ou l’échec devait donner l’empire de l’Inde soit à l’Angleterre, soit à la France.

Quand ce détachement arriva à Samiavéram, Clive était de retour de son inutile expédition à la recherche de d’Auteuil. Sachant par l’expérience qu’il avait acquise du caractère de Law, qu’il n’y avait guère lieu de redouter une attaque du côté de Seringham, Clive n’avait fait aucuns préparatifs de défense, et s’était tranquillement mis au lit. Au moyen des déserteurs qu’il renfermait, le détachement avait réussi à persuader aux Cipayes anglais qu’il était envoyé par le major Lawrence pour renforcer Clive ; c’est ainsi que ces hommes réussirent à s’introduire dans le camp anglais avant que leur présence put être soupçonnée, et que Clive eût même été réveillé ; mais, malgré son sommeil, sa présence fit encore pencher la balance en faveur des Anglais : car, s’il avait été à la tête des Français, il n’y a aucun doute que ceuxci n’eussent, dans cette nuit, écrasé l’ennemi dans son propre camp, et recouvré ainsi tous les avantages perdus si volontairement. Mais, au lieu d’être leur chef. Clive était celui de leurs adversaires, et jamais il ne joua mieux que dans cette nuit terrible le rôle de chef, ou plutôt de prince, au milieu de ses hommes ; jamais, dans des circonstances aussi graves, on ne fit preuve d’un plus parfait sang-froid, d’un courage plus brillant et plus prompt. Les forces anglaises de Samiavéram occupaient deux pagodes, distantes l’une de l’autre d’un quart de mille ; les indigènes étaient campés à Tentour. Les Français s’étaient avancés au milieu des indigènes jusqu’à la plus petite pagode, et près d’un hangar ouvert sous lequel Clive dormait dans son palanquin. Arrivés là, ils rencontrèrent quelque résistance, et firent deux décharges. Clive fut pro-