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GAZI-OUDIN CONSPIRE

tentante, et, en face du déclin de l’empire mogol, il aurait fallu une grande vertu pour résister à cette tentation ; Gazi-Oudin n’eut pas cette vertu.

Par l’intermédiaire de Mulhar-Rao-Holkar, il entra en négociation avec le Peshwa Balladgi-Badgi-Rao, et réussit à persuader au grand chef des Mahrattes de soutenir sa cause. Nous avons vu comment l’obstacle que créait cette alliance avait été levé. Un présent de deux lakhs[1] de roupies avait arrêté dans sa marche sur Golconde le général mahratte qui avait consenti à se retirer. De tels moyens ont ordinairement pour résultat de susciter de nouveaux dangers, mais, depuis le 29 juin 1751, jour de son entrée triomphale dans Aurungabad jusqu’à l’automne suivant, Salabut-Jung n’avait été inquiété d’aucun côté. Cependant Gazi-Oudin avait déterminé le Peshwa Balladgià saisir la première occasion favorable pour attaquer le Décan d’une manière formidable. En voyant de ce côté les afiaires prendre une tournure aussi menaçante, il est à propos de s’enquérir quelle influence elles reçurent de la conduite de Bussy, et comment sa présence dans la capitale de cette partie de l’empire devait peser sur les projets que Dupleix nourrissait pour la création d’un empire français,

La marche de Bussy sur Aurungabad à la tête d’une troupe de trois cents Européens et de deux mille Cipayes, la victoire que chemin faisant il avait remportée sur les trois nababs et la prompte nomination qu’il avait faite de Salabut-Jung à l’emploi et à la dignité de soubab, avaient eu pour premier résultat de rendre les Français maîtres absolus de la situation. De Bussy avait consenti, il est vrai, au payement des deux lakhs de roupies à Balladgi-Badgi-Rao comme prix de sa retraite, mais il ne l’avait fait que parce qu’il considérait avec raison la possession de la capitale et l’occupation paisible du pays comme des avantages qu’on ne pouvait payer trop cher.

En arrivant à Aurungabad, il adopta une ligne de conduite par laquelle, en paraissant le fidèle allié du soubab, il devenait en réalité son maître. En conséquence, il choisit pour sa propre rési-

  1. Le lakh de roupies vaut deux cent cinquante mille francs.