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CARON

immédiatement des fonctions qu’il tenait des Hollandais et offrit ses services à Colbert. Celui-ci s’empressa de l’accueillir, et Caron reçut bientôt des lettres patentes le nommant directeur-général du commerce français dans l’Inde. Il avait pour collègue un Persan, nommé Marcara, natif d’Ispahan, et dont les connaissances spéciales sur l’Inde faisaient espérer de grands avantages.

L’expédition partit de France au commencement de 1667 et fit bonne route jusqu’à Madagascar ; mais à son arrivée, Caron trouva les établissements de la côte dans une condition si déplorable qu’il perdit l’espoir d’opérer quelque amélioration et se détermina à ne pas gaspiller ses ressources dans une tentative de cette nature, mais à cheminer immédiatement vers l’Inde. En conséquence, il dirigea sa course vers Surate, lieu que les entreprises des autres puissances avaient rendu familier aux trafiquants avec l’Orient. Le 24 décembre 1667, il aborda à Cocbin où il fut bien reçu ; de là il continua son voyage, atteignit Surate au commencement de 1668 et y établit la première factorerie française de l’Inde. Dès le début, ses transactions furent couronnées de succès ; il expédia promptement une riche cargaison à Madagascar. Ce résultat ne fut pas plutôt connu en France, que le Roi, pour le récompenser de ses efforts, et sans doute pour l’exciter à en faire de nouveaux, lui conféra le ruban de l’ordre de Saint-Michel.

L’année suivante, on résolut d’étendre le cercle des opérations. Marcara fut chargé de se rendre à la cour du roi de Golconde alors indépendant, afin d’obtenir de lui le privilège de commercer dans toute l’étendue de ses domaines et d’établir une factorerie à Masulipatam. Pour en arriver là, Marcara eut non-seulement à combattre les obstacles particuliers à une cour orientale, mais encore à lutter contre l’opposition des Anglais et des Hollandais. Cependant il triompha de toutes ces difficultés et, le 5 décembre 1669,


    envoyât, avec des barils d’épices, d’autres barils remplis de canons emballés dans du coton ou des étoupes. Cela fut fait, mais malheureusement pour Caron, quand on les roula sur le rivage, un baril creva et un canon de bronze fit son apparition. Ceci découvrit la fraude. Caron fut aussitôt saisi, envoyé à Yeddo et mis en présence du roi. Incapable de faire valoir aucune excuse, il fut condamné à avoir la barbe arrachée poil à poil, à être vêtu comme un fou et à être promené en cet état dans toutes les rues de la ville. Après avoir subi ce châtiment, il fut rembarqué pour Batavia. Recueil de voyages du Nord. (Ce récit n’est pas admis par les écrivains plus modernes.)