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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

Mais les Français ne mettaient pas tout leur espoir dans leurs fortifications. Même à cette époque, l’Oùgli n’était pas, à Chandernagor, d’une navigation facile pour des vaisseaux d’un grand tonnage. Il n’y avait réellement qu’un seul canal praticable, et il pouvait cire obstrué par des vaisseaux coulés. En conséquence, Renault ordonna d’en couler plusieurs à environ cent cinquante mètres du fort, et les canons de l’une des batteries extérieures furent dirigés sur ce point. On employa, entre autres, un officier d’artillerie nommé Terraneau pour cette opération.

Les forces anglaises, s’élevant à sept cents Européens et mille cinq cents indigènes, partirent de Howra le 7 mars ; cent cinquante artilleurs, avec leurs pièces, suivaient dans des navires escortés par la flotte de l’amiral Watson. Le 14, Clive parut avec sa petite troupe en vue de la ville. Évitant les batteries de l’Ouest et du Sud, il prit possession de la grand’route du côté Nord, puis changeant de direction, il occupa les maisons du Nord-Ouest, tandis qu’à son approche les Français les abandonnaient pour se retirer dans une batterie sur la route commandée par le bastion du Nord-Ouest. Des maisons qu’il occupait, Clive entretint toute la nuit un feu assez fort pour contraindre les Français à évacuer la batterie et à rentrer dans le fort. L’abandon de cette batterie entraîna l’abandon de toutes les autres, excepté celles du côté de la rivière. Le jour suivant, les Anglais se fortifièrent dans les maisons et soufîrireht peu du feu du fort. Le 16, les canons furent débarqués, et pendant les cinq jours suivants la canonnade fut vive et réciproque, mais tout à l’avantage de la garnison ; le feu de ses gros canons produisait un effet terrible sur les maisons de briques où les Anglais avaient improvisé leurs batteries.

Renault savait bien que ce n’était pas sur terre que se déciderait le sort de Chandernagor. S’il avait seulement pu chasser ces puissants navires de guerre qui poursuivaient, lentement et prudemment, leur route à travers les inextricables canaux de l’Oùgli, il ne se serait guère occupé de tous les efforts des troupes anglaises sur la terre ferme. Il pouvait du moins espérer que le nabab, auquel il avait adressé une pressante demande de secours et dont une armée marchait sur la ville d’Oûgli, opérerait rapidement sur