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DERNIÈRE LUTTE

réponse évasive, le but du rajah étant de gagner du temps pour obtenir des secours des Anglais. Il est probable que Lally eût recueilli quelques avantages dans ces négociations s’il y avait apporté une prudence seulement ordinaire ; mais la violence de son caractère le perdit. Quand il eut amené le rajah à un engagement de payer cinq lakhs de roupies en espèces et à fournir des vivres pour une valeur de trois ou quatre, ses soupçons le portèrent à considérer comme un manque de foi une légère infraction aux conventions. S’abandonnant alors à toute sa violence, il envoya au rajah la menace de le transporter comme esclave, avec sa famille, à l’Île de France. Cet emportement dépassait toutes les bornes, et le rajah, encouragé par les promesses des Anglais et l’arrivée de quelques Cipayes disciplinés, que le capitaine Calliaud lui avait envoyés de Trichinopoly, résolut de le défier. Alors Lally se détermina à tenter l’effet d’un assaut. Deux batteries furent démasquées le 2 août, la brèche fut ouverte le 7, et l’attaque ordonnée pour le 8. Dans la matinée de ce jour, on apprit au camp que d’Aché avait été attaqué, battu et chassé de la côte par les Anglais qui menaçaient Karical, base des opérations françaises contre Tanjore. En même temps Soupire informait Lally que Pondichéry était menacé par un corps de huit cents Anglais de Madras, et que, comme il n’avait que six cents hommes, il se préparait à évacuer sa position.

Quand Lally reçut ces déplorables nouvelles, il n’avait au camp que deux jours de vivres, et la cavalerie tanjorienne lui ôtait tout moyen de s’en procurer d’autres ; ses munitions de mousqueterie étaient presque épuisées, et pour les canons il n’avait que les projectiles qu’il recevait de l’ennemi. Cependant la brèche était ouverte, et d’Estaing et Saubinet étaient impatients de livrer l’assaut ; mais il réfléchit que, après avoir pris le fort et y avoir épuisé ses munitions, il faudrait encore attaquer la ville qui était fortement défendue, et que si le fort n’était pas pris, ses hommes ne seraient qu’une multitude désarmée, exposée sans défense à la boucherie ; cette réflexion porta Lally, après avoir pris l’avis du conseil de guerre, à opérer la retraite. Au lieu donc de livrer l’assaut le 8, il expédia, le 9, à Karical un détachement de