Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
DERNIÈRE LUTTE

direction qu’il devait suivre. Pour être bien sûr d’éviter toute indiscrétion, Lally n’avait fait connaître son plan à aucun des Conseillers. L’assaut de droite réussit complètement ; la redoute fut rapidement enlevée ; l’attaque du centre fut sérieusement disputée ; les Français ne pouvaient mieux se battre. Le colonel Coote, qui jugeait bien toute l’importance de la position, amena ses meilleures troupes pour la défendre ; mais, malgré sa résistance, les Français, qui cependant avaient déjà perdu huit sergents et plusieurs soldats, tenaient bon, espérant à tout moment entendre le bruit de l’attaque confiée à d’Arambure. Mais la fatalité semblait être liée à toutes les opérations de Lally, car à l’instant où cet espoir devenait le plus pressant, d’Arambure parut avec ses hommes, non pas derrière l’ennemi, mais bien entre les colonnes assaillantes et la ville ! Cet officier, qui en d’autres occasions s’était bien conduit, semblait avoir perdu la tête ; il avait traversé la rivière beaucoup au-dessous du point qui lui avait été indiqué, et avait commencé l’attaque justement du côté opposé à celui que Lally avait indiqué. Par ce faux mouvement, il rendit impossible un succès qui aurait différé, s’il n’avait pas même conjuré, la catastrophe qui était si menaçante.

Le 16 septembre, Mouson, qui avait succédé à Coote dans le commandement des forces anglaises, attaqua le poste d’Outgarel, et contraignit les Français à abandonner la défense de la haie d’enceinte et à se retirer sous les murs de la ville. Cette attaque coûta toutefois beaucoup d’hommes aux Anglais ; Mouson fut grièvement blessé. Malgré ce mouvement, qui coupait tout secours de la place, Lally résolut de continuer la défense et défendit de prononcer le mot de reddition. Il prit toutes les mesures possibles pour fournir à la subsistance des troupes ; des contributions furent levées ; on déterra le grain des lieux où il avait été enfoui ; des impôts furent décrétés[1] ; les indigènes inutiles furent expulsés, et on ne négligea aucune précaution pour prolonger la défense de la ville jusqu’à l’arrivée de d’Aché, dont l’escadre était attendue de jour en jour.

Mais, le 24 décembre, il ne restait dans les magasins que huit

  1. Les Européens habitant Pondichéry en furent exemptés par le Conseil présidé par Leyrit.