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LE RAJAH DE TRICHINOPOLY ALLIÉ DES FRANÇAIS

sonnellement que peu de famille et se trouvait sans cesse en contact avec des parents dont l’ambition égalait la sienne, mais dont la puissance et les droits étaient de beaucoup supérieurs aux siens ; il avait depuis longtemps compris que c’était en dehors de sa famille, qu’il devrait chercher des appuis. Il se sentait attiré vers les Français, et semblait avoir deviné leur désir latent d’accroître leur territoire. En tout cas, il est certain qu’il saisit la première occasion de leur offrir son aide pour faire passer de nouvelles provinces sous leur domination. Il n’est pas douteux qu’en agissant ainsi son but ne fût de s’assurer l’appui des Français. Depuis qu’il était entré dans la famille de Dost-Ali, il avait été parmi les alliés de Dumas, le visiteur le plus assidu à Pondichéry et s’était acquis, plus que tous les autres, l’estime des autorités de cette ville.

Le rajah indou de Trichinopoly étant mort sans enfants, vers la fin de 1735, un conflit s’éleva immédiatement entre sa veuve, la Ranée, et l’un des parents éloignés du prince défunt. Dans sa détresse, la Ranée appela Dost-Ali à son secours. L’occasion était trop tentante pour être négligée ; Dost-Ali envoya, pour prendre possession du territoire contesté, des troupes, dont le chef nominal était son fils Sufder-Ali ; mais le commandant réel était son gendre Chunda-Sahib. Le royaume fut bientôt envahi ; la capitale seule se défendit ; Chunda-Sahib s’en rendit maître le 26 avril 1736, en faisant serment[1] que ses troupes ne seraient employées qu’au service de la Ranée ; mais il ne tint ce serment que jusqu’au moment où il fut en possession de Trichinopoly ; alors il emprisonna la Ranée, et, avant de retourner à Arcate, Sufder-Ali l’investit de pleins pouvoirs pour gouverner le pays en qualité de lieutenant de Dost-Ali. Dans ce poste, il continua d’entretenir des rapports intimes avec les Français.

Le royaume indou de Tanjore se trouvait placé entre la côte de Coromandel et Trichinopoly ; il était borné au Nord par le Coleroon qui se jette dans la mer à trente milles au-dessous de

  1. Orme rapporte que les habitants du pays crurent que la Ranée était tombée amoureuse de Chunda Sahib ; mais cette histoire est invraisemblable ; Chunda-Sahib put se croire dégagé de son serment, parce qu’il l’avait prêté non sur le Coran lui-même, mais bien sur une brique placée dans la couverture du livre saint.