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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/104

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ami ; j’accourais ici avec la pensée de me décharger délicieusement de mes peines, de mes secrets ; prête aux aveux, à la confession…

Elle l’épia, d’une œillade oblique, avant de conclure :

— Et je me trouve en face d’un étranger soupçonneux qui m’accable de reproches méprisants.

— Oh ! Lily…

La protestation attendue la soulageait d’un poids immense. Elle sentit qu’elle le reconquérait, forte de son astuce, de sa beauté. Elle dit, chaleureuse et sincère :

— Ça me semblera tellement bon de vous découvrir toute mon âme… J’ai lu quelque part que les femmes d’Extrême-Asie manifestent une pudeur opposée à celle des Européennes : une Française explique ses sentiments, dépeint sa mentalité au premier venu, alors qu’elle rougirait de lui exhiber ses jambes plus haut que les mollets ; une Nipponne, flegmatique et dédaigneuse, se montre nue devant l’étranger qui la paye, mais lui dissimule jalousement le mystère intime que recèle