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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/122

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Tandis que la fille du chef de gare détaillait le voluptueux sonnet de Baudelaire, le docteur Antony murmura, sans qu’aucun mot parût sortir de sa bouche close :

— Tu t’amuses ici ?

M. le magister, le visage impassible, répondit de la même manière :

— Je m’endors.

Le docteur — qui cultivait le paradoxe à ses moments perdus — reprit d’une voix caustique :

— Se peut-il que des mondains bien élevés, se piquant de savoir vivre, et qui viennent de nous offrir un repas succulent, ne comprennent point qu’il est inconvenant de nous faire payer aussitôt leur dîner en nous contraignant à écouter le « concert d’amateurs », cette douloureuse des maîtres de maison ? Le geste de l’hôte, avançant la chaise du supplice à ses auditeurs forcés, m’évoque celui du garçon de restaurant, qui présente la note au dessert.

Onésime Champion soupira, mélancolique :

— Après Mlle Véran, qui a du talent, mais qui choisit toujours des poèmes fort ennuyeux,