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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/154

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ce naturel qui nous vient de l’habitude.

Tout en remâchant sa rancune contre la vieille journaliste, M. Pascal s’habillait à regret, avec des mouvements mélangés de paresse et d’irritation ; il passait indolemment ses pantoufles, et fougueusement son pyjama — partagé entre le malaise d’un lever toujours pénible et son courroux trop justifié.

Il cognait le lit, les meubles, les bibelots, tout ce que rencontrait sa main ; éprouvant, à provoquer les craquements du bois et les sonorités de la porcelaine, ce plaisir indéfinissable qui nous pousse à faire du bruit lorsque nous sommes tourmentés d’une préoccupation désagréable.

Attirée par ce tapage, Lily, qui achevait sa toilette dans la pièce voisine, apparut sur le seuil de la porte.

— Qu’est-ce qui te prend ?… Tu es malade ? dit-elle, en toisant Lucien avec ce regard de mépris dont les femmes jaugent leur mari, après l’avoir comparé mentalement à l’amant futur qui les dédommagera des désillusions conjugales.