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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/36

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rayonnant du triple éclat des cheveux d’or vif, des yeux gris et des dents luisantes ; sa figure était un fondu de tons laiteux et rosés où la blancheur de l’épiderme s’allumait de transparences sanguines. Mlle Véran arborait un sourire stéréotypé comme un défi à ceux qui soupçonnaient son amertume. Fille pauvre de vingt-sept ans, elle souffrait de vivre isolée, abandonnant l’espoir du mariage, rendu improbable par deux obstacles : d’une part, la situation précaire d’un père léger — M. le chef de gare s’amusait fort, durant ses heures de loisirs : « Les voyageurs pour Cythère, en voiture ! » — d’autre part, les attraits trop périlleux d’un physique provocant.

Ainsi que le remarque Balzac, certaines séductions effrayent les esprits rassis. Un bourgeois sensé perçoit obscurément que la Vénus Callipyge n’est point faite pour lui repriser ses chaussettes.

Telles les extrêmes laideurs, les grandes beautés exigent les grosses fortunes : dans ce dernier cas, le mari considère la dot comme une prime d’assurance sur l’adultère.