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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/59

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je fais deux pas à la seconde ! Si, trois mètres plus loin, je ramasse l’ombrelle que laisse tomber cette jeune demoiselle, le même bourgeois soupçonnera une aventure compliquée et chuchotera que c’est ma maîtresse… Non ! Je préfère m’enfuir dans la campagne : ici je serais capable de rosser à coups de canne l’une de ces brutes qui me dévisagent. »

Camille enfila une avenue transversale qui montait vers la colline.

Dès qu’il s’éloignait de la ville, il éprouvait une sensation de délivrance : s’imaginant rompre les fils invisibles dont les habitants tissaient leur réseau d’espionnage, il s’envolait joyeusement loin de Montfleuri — cette toile d’araignée.

Ce matin, bravant le soleil de midi, il gravissait un sentier rocailleux au lit desséché, semé de cailloux en feu qui brûlaient ses pieds, comme un fer chauffé à blanc.

Malgré cette température torride, c’est à peine si le front du jeune Provençal s’humectait de quelques gouttes de sueur. Insensible et bronzé, Camille avançait sous ce ciel d’in-