Aller au contenu

Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Écoutez… Je tâcherai de revenir par ici, jeudi prochain, à la même heure… Maintenant, au revoir.

Elle trottait sur la route, fuyant aussi rapidement que l’autre fois…

Camille la suivait des yeux, éperdu, heureux de la sentir conquise ; avec, au fond de sa joie, ce goût d’amertume vague, cette tristesse imprécise, qui forment la lie du calice d’or.

Il était l’heure du repas… Camille, rebuté à l’idée de rentrer chez son père, préféra jeûner ; il s’étendit sur l’herbe et rêva à sa bien-aimée.

Le menu de l’homme amoureux varie suivant son âge : à trente ans, il double sa ration de viande saignante et de vin vieux ; à quarante ans, il commande une bisque, du champagne et des truffes ; à soixante ans, il s’adresse au pharmacien. Mais, lorsqu’il n’a que vingt ans, il néglige son estomac…