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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/135

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Bessie continua :

— Alors, j’ai eu l’idée de venir ici à l’heure de la sortie… Je vous accompagnerai, si vous voulez ?

— Avec plaisir, miss Bessie.

La jeune Américaine considérait Laurence en silence, sous l’empire de sentiments divers. Son impression dominante fut une pitié effrayée devant le changement physique de la jeune fille. D’une nature plutôt vigoureuse, déjà forte pour son âge, cette brune potelée à la chair grasse et blanche, était destinée à devenir plus tard, une beauté opulente. En très peu de temps, Mlle d’Hersac semblait une autre personne ; son amaigrissement rapide avait jauni son teint, creusé ses joues ; elle flottait dans ses vêtements ; et Bessie éprouvait une véritable inquiétude en constatant cette transformation.

Elle s’apercevait également de la contenance insolite de Laurence dont l’amabilité contrainte ne lui échappait point.

Elle escortait Laurence ; et, tout en parlant de choses et d’autres, méditait cette énigme. Sans avoir encore de soupçons, Bessie éprou-