Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/58

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le lendemain, il se présenta chez Mlle d’Hersac en songeant : « Elle doit être aussi étonnée que joyeuse… Je vais m’amuser beaucoup. »

Il trouva Laurence en larmes.

Dans ces périodes critiques, une épreuve chasse l’autre. Hier, angoissée par des ennuis d’argent, la jeune fille oubliait tout aujourd’hui, même l’inconcevable générosité de M. Litynski, car une nouvelle inquiétude la torturait.

Dès qu’elle vit Teddy, sans parler, elle lui tendit un chiffon de papier quadrillé.

Le jeune homme lut à demi-voix :

« Aux Armées, 4 septembre 1917.
« Ma chère maman,

« Enfin, voilà mon tour de permission arrivé. J’ai déjà ma « perme… toute prête et n’attends que le prochain départ de train pour filer sur Paris, car il y a eu contre-temps et ce sera sans doute d’ici trois jours. Je suis fou de joie à l’idée de vous revoir toutes deux. Je suis sûr que tu continues à te tourmenter à mon sujet et de te faire des idées noires, puisque c’est toujours Laurence qui m’écrit pour toi. Du moment que tu n’écris pas, c’est que tu es déprimée et que tu crains de me le laisser voir, vilaine mère ! Puisque je te dis que j’ai une mine épatante et que le grand air me fait du bien : je vais me dépêcher de venir te montrer mes joues hâlées et rebondies pour te remonter le moral ; et gare à toi, si je te trouve encore cette figure pâlotte que tu avais il y a quatre mois.

» Je vous embrasse bien fort toutes les deux, mes chéries, et à bientôt !

» François. »