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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/78

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vous n’aurez aucun désagrément, L’oncle Blakeney m’adore.

Elle ajouta :

— Seulement, auparavant, il faut que je voie un de vos camarades : l’aspirant d’Hersac, pour communication urgente.

Intrigué, François dit vivement :

— Je suis François d’Hersac.

Bessie l’examina longuement, profondément ; et, tandis que le jeune homme rougissait légèrement sous le regard tendre et apitoyé dont elle l’enveloppait, elle murmura avec une compassion infinie :

— Vous… c’est vous… poor boy !

XI

Le bombardement de T… avait momentanément isolé ses défenseurs, les obus pleuvaient sur la gare détruite. La lettre où François annonçait son arrivée à sa famille était partie avec le dernier courrier possible ; et, maintenant, le jeune homme devait attendre forcement que les communications fussent rétablies. Lorsque Bessie, avec tous les ménagements, toutes les atténuations que lui inspira sa sensibilité de femme l’eût mis au courant de l’état de Mme d’Hersac, une fébrilité incoercible s’empara de lui à la pensée qu’il était immobilisé, loin des siens ; encore un jour, deux jours, peut-être davantage : autant d’heures de supplice.

La présence de miss Arnott l’aidait à lutter contre le désespoir. La jeune fille avait été se confesser au colonel Blakeney. Celui-ci avait posé ses conditions avant de consentir à arranger les choses et à couvrir les excentricités de sa nièce sous l’égide de son autorité.

Miss Bessie Arnott reprendrait le costume féminin, retournerait à Paris par le premier