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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/135

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fiançailles ; tant que l’intéressée demeurait loin de nous, c’était votre affaire. Mais aujourd’hui, la présence de cette jeune fille, en tiers avec nous, complique les choses.

— Évidemment ; les mariages à trois, on les admet, mais des fiançailles à trois pourraient choquer, même à Monte-Carlo.

— C’est à vous de trouver une solution. Je ne vous demande rien. Je ne veux même pas chercher si j’ai quelque titre à invoquer… Je vous dirai seulement ceci : Je vous aime, Edvard ; je vous aime comme je n’ai jamais aimé aucun être, et je puis vous certifier que vous êtes le premier homme qui reçoive mon aveu d’amour…

Plusieurs fois sa voix ardente répéta ces mots sur quoi le monde entier repose. Et le jeune homme s’enchantait à les entendre.

Elle continua :

— La Vie m’a toujours murée dans une impression d’isolement atroce… Si vous saviez comme elle est horrible l’existence de ces dépareillées de l’amour qui errent dans l’existence, frôlant des convoitises, salies par le désir des passants et seules, toujours seules, sans jamais rencontrer leur double ! Aussi, mon