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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/22

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— Mademoiselle… En quoi puis-je vous servir ?

Fanny Thulette déclara avec feu :

— Si vous acceptez de répondre à une question que je désire vous poser, vos conseils décideront de ma vie tout entière.

— Oh ! Oh ! plaisanta Bergeron, à quoi dois-je l’honneur de cette confiance aveugle ?

Elle répondit, gravement :

— À la lecture de vos œuvres, grâce auxquelles je sais que, « le Bonheur ne reposant que sur une illusion de jouissance, seule une perversion de conscience peut nous rendre heureux. »

Bergeron s’exclama in petto : « Très bien ! Une boule blanche ! » Puis il ajouta (toujours mentalement, Dieu merci) : « Ça lui en fera trois », cependant qu’il lançait un regard fouilleur vers le corsage décolleté en carré. Mais, tout de suite, il se reprocha cette jovialité incorrecte.

Sans soupçonner les pensées folâtres qu’elle éveillait, Fanny poursuivait, émouvante de conviction :

— Le philosophe qui enseigne l’incompatibilité de la morale avec nos sentiments m’est