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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/251

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sa gorge, lui obstruait la respiration, l’étouffait. Edvard caressa d’un regard charmé l’exaltation de cette amoureuse semblable à la maîtresse du Giorgione : embaumant comme une fleur, enveloppante comme une flamme. Il la prit dans ses bras. En la serrant, en la pressant contre lui, il la sentit trembler de la tête aux pieds ; et la chaleur fiévreuse de ce corps féminin le pénétra, à travers les vêtements. Ils s’étreignirent éperdûment. Elle balbutia :

— Ta femme, ta maîtresse, ce que tu voudras… mais garde-moi !

Son âme frémissait comme une onde où l’on vient de jeter une pierre…

Il savourait cette offrande absolue, en raffiné. Lorsqu’ils se désenlacèrent, les jambes brisées, le cœur palpitant, Edvard, un peu de rose sur ses joues pâles, déclara doucement, de sa voix ferme et posée :

— Vous seule serez ma compagne… Vous, ou bien… rien ; la vie perdue, finie.

Alors une joie délirante envahit Fanny, soulevée d’ivresse devant la certitude, enfin, du Bonheur. Elle écoutait le comte Kolding, extasiée, les mains brûlantes, la gorge sèche, certaine qu’il ne mentait pas.