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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/273

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Edvard sourit, sans répondre à son interlocuteur qui poursuivit :

— Si l’on dévoile tout à coup ces horreurs, est-ce bien un sentiment de répulsion et d’effroi qui se peindra dans les yeux des spectateurs ? Je suppose, moi, que quelques-uns prendront un sensible plaisir à voir le dedans du gant… Qu’en pensez-vous, jeune homme ?

L’interpellé rougit légèrement, puis, sans quitter du regard les yeux du philosophe, des yeux de myosotis singulièrement mobiles, à la fois acérés et rêveurs, il répondit galamment :

— Je pense que l’on a raison de considérer François Bergeron comme le plus subtile psychologue de notre temps.

L’académicien esquissa un geste vague de remerciement et se rapprocha de son auditeur au cas duquel il allait s’intéresser, maintenant, d’une façon plus précise :

— En amour, l’attrait consiste surtout dans la saveur inédite d’un assaisonnement ignoré. Être le premier amant d’une femme, c’est manger d’un plat qu’il a fallu accommoder soi-même ; or, il en est du cœur comme de l’estomac, les jeunes gens préfèrent la cuisine de restaurant tant qu’ils ne sont point dyspepsiques.