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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/280

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de vous, digne de mon bonheur ; j’ai le droit de le défendre ! »

Désormais, il saisissait le véritable sens de ces mots qu’elle lui avait chuchotés passionnément : « Vous êtes le premier homme qui reçoive mon aveu d’amour. » Libéré de l’odieux étouffement qui les écrasait, ses poumons jouaient librement, s’emplissaient d’air et de joie soulagée, comme s’il eût respiré du nitrate d’anyle.

Ne le sachant pas si bien convaincu, Bergeron insista :

— Si c’est vrai, Monsieur ?… Tenez, je vais commettre une indélicatesse, mais tant pis, mon intention m’excuse… Lisez cette lettre ; après une preuve pareille !…

Et tirant un papier de son portefeuille, le perfide confident mit sous les yeux du comte Kolding certaine missive mauve qui se terminait par ces mots :

« Cher Maître, c’est une vieille fille qui vous soumet ce sujet de méditation, une vieille fille qui va se marier grâce à vos conseils et qui désire savoir, avant de la perdre, quel titre mérite exactement sa virginité insoupçonnée et réelle… »