Aller au contenu

Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le confesseur avoua sans détour :

— Je n’y suis plus du tout ! Il me semble discerner, à travers vos propos, l’erreur de votre amoureux qui vous suppose… un passé, et l’appréhension que vous éprouvez à l’idée de le détromper…

— C’est bien cela.

— Frayeur naïve ! En vous découvrant impeccable, votre fiancé n’éprouvera qu’une joyeuse surprise et vous chérira davantage.

Mademoiselle Thulette protesta avec impétuosité :

— Ah ! Monsieur, pour raisonner ainsi, on voit bien que vous n’avez plus vingt-cinq ans !

François Bergeron réprima difficilement une grimace ; on eût dit qu’il avalait une châtaigne trop grosse avec ses piquants.

Sans rien voir, Fanny continuait :

— Vous avez beaucoup lu, n’est-ce pas ?

— « Ma chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres », cita le philosophe avec une mélancolie qui se raillait elle-même.

— Laissons Mallarmé, répliqua fougueusement Fanny. Ce que je veux dire, c’est que vous avez assez lu pour apprécier la virginité d’une page blanche où, le premier, vous tra-