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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/46

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À peine fut-on sorti de table que Mme de Tresme, poussant sa fille vers le piano, lui enjoignit avec autorité :

— Thérèse, joue-nous ta Ballade en fa majeur.

La jeune fille essaya d’abord d’esquiver le coup :

— Mais, maman, vous savez bien que mon parrain n’aime pas la musique de Chopin.

— Ça ne fait rien, mon enfant, j’écouterai quand même, déclara courageusement Bergeron qui, pour servir les intentions de la baronne, ne reculait devant aucun sacrifice.

Thérèse s’installa avec résignation sur le tabouret de piano et attaqua, sans vigueur, l’op. 38 qui, sous ses doigts mollement arythmiques, tourna bien vite à la berceuse gnangnan. Sa mère, alors, entraîna Bergeron dans la pièce voisine, dont elle ferma doucement la porte. Puis, avec un soupir de soulagement, elle commença aussitôt, au risque d’entraver la digestion de son hôte :

— Mon ami, j’ai absolument besoin de vous consulter au sujet de ma fille, elle me donne de vives inquiétudes.

— Un peu d’anémie, peut-être ? interrogea