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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/53

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Sans répondre, il monologuait in petto : « Ah ça, toutes les personnes que je vois depuis deux jours se sont donc donné le mot pour me demander mon opinion sur la virginité des demoiselles à marier ! »

À Mme de Tresme, qui guettait sa réponse, il dit :

— Vous me chargez là d’une mission trop délicate ! C’est à vous plutôt, à vous — la mère —, qu’il sied d’aborder une question aussi…

— Erreur d’homme de savoir ! interrompit la baronne. Comment, sans me troubler, démentirais-je d’un coup tous les principes sévères que j’inculque à ma fille depuis deux ans ? Cette enfant tomberait de son haut en me voyant renier, du jour au lendemain…

— « Tous mes devoirs et toutes mes vertus » fredonna, souriant malgré lui, Bergeron qui préférait Gounod à Chopin :

— Vous l’avez dit ! Ou elle ne me comprendrait pas, ou je perdrais sa confiance.

Brusquement résolue, elle appela :

— Thérèse !

Bergeron devina ses intentions immédiates. Ahuri, il balbutia :

— Quoi ? Tout de suite ?